et dialectes. Il s’inspirait en cela de l’œuvre de Charles de l’Ecluse qui, le premier, avait introduit un glossaire hongrois des noms de plantes dans sa Flore de Pannonie et d’Autriche.[17]
Quant à Richer de Belleval, son œuvre reste bien vivante dans celle de Villars. Son nom figure en tête d’une importante liste, tenue par Villars, de savants et de botanistes de tous les pays ayant parcouru le Dauphiné. Les excursions de Richer de Belleval dans les Alpes entre 1615 et 1618 en firent un découvreur de la flore des Alpes françaises et méridionales. De retour de son voyage en Dauphiné, Richer de Belleval avait été le premier botaniste à publier une nomenclature sur les plantes de cette province. Il avait fait graver plus de 500 cuivres, les Icones, représentant des végétaux des Alpes. Parmi les plantes alpines, nombreuses étaient celles qui étaient nouvelles et qui le restaient encore au XVIIIe siècle. Villars attacha une importance très grande aux manuscrits de Richer de Belleval et à ses cuivres où les plantes alpines étaient représentées pour la première foi. Ses manuscrits et ses dessins avaient alors bénéficié des progrès réalisés par l’illustration à la Renaissance. Ils étaient d’une fidélité remarquable et, sans s’embarrasser des systèmes et classements adoptés plus tard, ils constituaient pour Villars et les botanistes de la fin du XVIIIe siècle une ressource scientifique inestimable, car de première fraîcheur. Les planches de Richer de Belleval n’ont pas été tirées, et seuls certains de ses cuivres ont servi au botaniste lyonnais Gilibert, dans ses Démonstrations de botanique parues en 1789. On sait aujourd’hui que la vie de Dominique Villars fut une quête incessante des manuscrits des botanistes de la Renaissance et du début du XVIIe siècle. Il obtint de Gilibert de se faire prêter les manuscrits de Ri- cher accompagnant les cuivres gravés, et corrigea même le travail de Gilibert: une quatrième édition de Gilibert augmentée des corrections de Villars parut en 1796, scellant ainsi la filiation entre les travaux issus du Jardin royal de Montpellier et du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble.[18]
La bibliothèque et l’herbier des plus proches collaborateurs de Dominique Villars au Jardin botanique de Grenoble, les jardiniers Liotard, témoignent également de l’intérêt que portèrent les botanistes grenoblois aux auteurs de la Renaissance et particulièrement à ceux venus des pays de langue germanique. On y retrouve les ouvrages de Rembert Dodœns (1518-1554), auteur d’une Histoire des plantes dont le collaborateur Charles de L’Ecluse assura lui- même la traduction du bas-allemand en français, et bien sûr ceux de Charles de L’Ecluse. L’intérêt des naturalistes grenoblois pour les travaux issus des savants de langue germanique ne se démentira pas par la suite avec l’entrée