pastorale n’avaient pas été toujours réunies. Mais qu’en est-il vraiment et comment tenter de concilier leur point de vue avec celui des archéologues et des ethnologues? Il paraît difficile de répondre sans revenir aux origines et constater que c’est déjà dans un espace de montagnes, de collines et de plaines, dans les reliefs du «croissant fertile», qu’apparaissent, vers 9000 ans avant J.-C., les premiers signes de la domestication. Là, des communautés depuis longtemps sédentaires découvrent simultanément la culture et l’élevage et dès lors une relation s’établit entre l’homme, l’animal et la pente. Aussi pouvons-nous dire que, dès le début, la croissance de l’herbe et les mouvements auxquels obligent les changements de saison et d’altitude, composent, sous un climat globalement méditerranéen, les données de base du savoir faire pastoral.
Jacques Cauvin[1] a observé que ces communautés d’Orient, chez qui se manifestent les premiers signes de la «Révolution néolithique», pratiquent déjà l’agriculture depuis un millénaire lorsque certains de leur membres se spécialisent dans l’élevage et abandonnent la vie sédentaire. Agriculture et pastoralisme sont ainsi longtemps restés associés avant que des groupes ne se distinguent en devenant nomades. L’accroissement des troupeaux, l’épuisement des pâturages, le risque croissant de nuire aux cultures et les réactions d’hostilité que cette situation n’a pas dû manquer d’entraîner, ont très probablement compté dans leur décision de partir. Recherchant de nouveaux pâturages, les conducteurs des troupeaux les plus importants se seraient ainsi séparés du reste du groupe emmenant leurs animaux, leurs familles et leurs habitats sur les pistes nouvelles du nomadisme.
La transhumance, dont les éléments du savoir-faire, ainsi que nous l’avons rappelé, participent de l’invention même de l’élevage, la transhumance - «forme assagie du nomadisme», selon Fernand Braudel -, implique quant à elle, l’utilisation, dans un même cycle annuel, d’espaces de haute et basse altitudes, grâce à l’organisation d’un mouvement pendulaire des troupeaux.
Ce qui la distingue du nomadisme, et a conduit Georges Duby à la qualifier «d’admirable construction humaine», vient de ce qu’elle procède d’une même société, soit d’une même économie, qui sous un même système climatique et dans un vaste espace culturellement homogène de plaines et de montagnes, permet d’allier le développement des cultures à celui de l’élevage.
Les premières communautés paysannes arrivent dans les Alpes, il y a quelque 6000 ou 7000 ans, avec des animaux déjà domestiqués et des pratiques déjà