formation reflète en tout cas les courants familiers du monde lotharingien septentrional, capable d’unir dans une même communauté d’esprit les habitants du milieu cohérent et construit du castelliim de Monforte, depuis la dame, seigneur du lieu, jusqu’à ses paysans;[6] or, la cohésion profonde de la société paysanne des vallées au 13e siècle ne fait pas de doute. La confrontation des listes d’habitants connus en Valcluson par les enquêtes delphinales de ce temps et de celles des victimes vaudoises des poursuites du siècle suivant, est riche d’enseignements de ce point de vue. On constate que nombre de familles en vue, victimes privilégiées de la répression du 14e siècle, étaient solidement enracinées vers 1250, certaines figurant parmi les notables, situation évidemment incompatible avec une arrivée récente.
On a donc la certitude, quelle qu’en soit la date, d’une conversion profondément intégrée dans le tissu social cohérent des habitants de la vallée au moment où la répression dévoile ce monde. Ainsi la perception de l’espace s’est-elle enrichie d’une dimension religieuse.
DEUXIÈME TEMPS: DU «REFUGE» À LA «DIASPORA», LA MIGRATION DE DISPERSION
L'information
À partir du 14e siècle et du fait de la vigilance neuve de la papauté d’Avignon dès les années 1330, la situation documentaire change en fonction du développement d’une répression constante durant les deux derniers siècles médiévaux; elle est génératrice de bouleversements profonds dans les vallées elles-mêmes et d’une nouvelle géographie du phénomène vaudois dans nos régions, liée aux migrations.
Aux sources abondantes de la répression s’ajoutent celles, fiscales, des archives de la Chambre des Comptes du Dauphiné restées longtemps inexploitées de ce point de vue. Relevés et révisions de feux liés à l’établissement et à la croissance de l’état de finance se succèdent et chacune des enquêtes constitue une coupe propice à l’analyse de l’évolution interne des communautés dauphinoises profondément déstabilisées par l’effondrement démographique lié aux crises du temps. C’est dire les informations que l’on peut espérer désormais avoir sur les foyers vaudois vivant dans les vallées en confrontant des données dont l’exploitation reste en tout état de cause très délicate. Il est évident que se pose le problème de l’identification des hétérodoxes